Voici un dossier complet résumant le projet, depuis sa préparation jusqu’au bilan que l’on en a tiré.
I. MISE EN PLACE DU PROJET
L’idée
Le projet d’une tournée aux Caraïbes a vu le jour au milieu de l’année 2000.
Les années précédentes avaient été marquées par de grands projets comme la réalisation de notre terrain, la montée de l’équipe première en division nationale, une tournée au Québec en 1998, la mise en place d’un grand tournoi annuel.
Le début du troisième millénaire était plus calme pour notre association et il fallait un grand projet pour relancer le dynamisme qui caractérise si bien notre club, pour mobiliser et fédérer à nouveau toutes les forces vives qui le composent.
L’idée d’une tournée aux Caraïbes est venue tout naturellement pour deux raisons :
- Cuba et la République Dominicaine sont deux des plus grands pays de baseball au monde. Les premiers sont multiples champions du monde olympiques alors que les seconds fournissent les meilleurs joueurs du championnat américain.
- Nous avons dans les rangs de notre équipe première un joueur cubain et un joueur dominicain.
Plus tard, nous avons pris conscience que ce voyage dans des pays défavorisés pouvait être l’occasion d’une action humanitaire et nous avons décidé d’agir dans ce sens.
Mise en place du projet
Immédiatement tout le monde a adhéré à l’entreprise et les premières réunions ont eu lieu pour définir le périmètre du projet et les moyens à mettre en place.
En l’espace d’un an et demi, une dizaine de réunions ont eu lieu pour, à chaque fois, faire le bilan des actions réalisées et planifier la suite du programme.
Tout le club s’est investi dans l’aventure, aussi bien les joueurs seniors, futurs partants, que les autres licenciés dont le soutien était indispensable pour ce projet ambitieux.
Organisation
Deux équipes de 2 ou 3 personnes ont été mises en place pour l’organisation du voyage : une pour gérer la partie Cuba et l’autre pour la République Dominicaine. Le premier travail a consisté à prendre tous les contacts nécessaires et pour ce faire tous les moyens étaient bons : internet, bouche à oreilles, publicités, …
On s’est également équipés de guides touristiques pour planifier les différents déplacements en fonction du temps imparti.
Pour Cuba, le ministère des sports local « Cuba Deporte » a tenu a chapeauter l’ensemble de notre séjour. Nous sommes tout de même entrés en contact avec un Tour Opérator et un guide indépendant pour éviter que le bon déroulement de la tournée ne repose que sur l’administration locale.
Pour la République Dominicaine, les contacts ont été plus simples car nous avons trouvé toute l’aide nécessaire dans notre entourage. De nombreux e-mails ont été échangés avec des relations sur place qui nous ont facilité toutes les démarches administratives et logistiques.
L’action humanitaire
N’ayant aucune expérience dans le domaine de l’humanitaire, nous ne pouvions agir seuls sur ce point. Nous sommes donc entrés en partenariat avec l’association caritative Rennes-Cuba qui nous a d’abord informé sur ce que nous pouvions entreprendre puis nous a soutenu dans nos démarches.
Nous avons ainsi lancé une grande campagne de collecte de médicaments auprès des pharmacies, hôpitaux, particuliers, … Il a ensuite fallu trier tous les médicaments récoltés et les conditionner. Nous avons ainsi obtenu 42 kg de médicaments usuels destinés à un dispensaire de La Havane.
Financement
Dès le début, la notion de budget est entrée en compte, il s’agissait de garder les pieds sur terre. Au fil des mois, l’estimation des coûts s’est affinée mais dès le départ nous avions évalué un budget très proche de la réalité. Les questions financières ont été traitées avec beaucoup de sérieux ce qui nous a évité toute mauvaise surprise.
De l’autre côté de la balance, nous avions divisé les recettes en trois catégories :
- l’apport des joueurs. Inévitable. Au final, il a couvert environ 50% du coût.
- les subventions publiques. De très nombreuses démarches ont été entreprises. Un gros travail était nécessaire de ce côté mais il a porté ses fruits et nous avons eu le soutien de plusieurs organismes.
- le financement privé. Toutes les idées étaient les bienvenues pour alimenter la caisse commune. Chacune d’elle constituait presque un projet à part entière. Nous avons ainsi organisé 2 grandes soirées spectacles, vendu des t-shirts à l’effigie de la tournée, pris en charge la restauration à la fête annuelle « Il était une fois La Guerche », concocté une petite soirée baseball, …
Jusqu’au dernier moment, nous n’étions pas sûrs de rassembler suffisamment d’argent pour visiter les deux îles et un choix cruel entre les deux se présentait. Heureusement, en réduisant quelques dépenses nous avons réussi à réaliser le projet dans sa totalité.
II. LA TOURNEE
Cuba
Après un voyage mouvementé ponctué de longues attentes dès l’aéroport d’Orly, nous avons enfin pu fouler le sol cubain puis rejoindre notre premier hôtel, 24 heures après notre départ.
Nos premières impressions sur le pays ont été fortes. Cela n’a pas bougé depuis 40 ans, on ne voit que des vieilles voitures américaines, des grands panneaux de propagande du Che et de la Révolution. Les bâtiments sont vétustes et colorés. Le dépaysement est total.
Dès la première journée, nous avons joué un match de baseball contre une équipe de Varadero, à 2 heures de La Havane. Mais la fatigue était encore trop présente dans les organismes et nous nous sommes inclinés 8 à 0. Nous avons ensuite pu profiter de la station balnéaire et de ses plages paradisiaques.
Les deux jours suivants nous ont permis de découvrir La Havane. Nous avons porté notre chargement de médicaments au médecin chargé de les réceptionner.
Puis avec notre guide local nous avons parcouru les rues de la capitale en tous sens pour en découvrir avec émerveillement les richesses architecturales et avec émoi les conditions de vie difficiles des cubains. Nous avons également joué un match dans cette ville contre un centre de formation au niveau très relevé. Nous nous sommes de nouveau inclinés 8 à 0. Comme prévu nous étions là pour apprendre !
Les jours suivants nous avons découvert la campagne cubaine, très pittoresque avec ses champs de canne à sucre et ses charrues tirées par les bœufs. Dans la petite ville de Guama, nous avons joué un match de baseball le jour de Noël et remporté notre première et unique victoire de la tournée sur le score de 10 à 5.
Puis nous sommes arrivés à Trinidad, la plus belle ville coloniale du pays, où nous avons trouvé une ambiance très chaleureuse. Nous y avons joué un match contre un autre centre de formation et subi une nouvelle défaite 10 à 5.
La semaine cubaine s’est terminée par la visite de Santa Clara, ville où se trouve notamment la dépouille de Che Guevara dans un magnifique mémorial, puis une dernière journée à La Havane où nous avons profité de la vieille ville avant d’aller voir un match de baseball de première division.
République Dominicaine
Après une longue journée de transport, nous sommes arrivés sur la côté nord de la République Dominicaine où nous avons passé la deuxième semaine du voyage. La contraste avec Cuba est vraiment très frappant. Sur cette île l’influence américaine est visible à tous les coins de rues, avec les richesses qu’elle apporte mais aussi les dérives : fortes inégalités, pollution.
La pluie a quelque peu perturbé notre programme et les matchs prévus les deux premiers jours ont été annulés. Nous avons compensé cette perte par la visite des ruines de La Isabela, première ville du nouveau monde, fondée par Chritophe Colomb en 1494.
Puis, après un réveillon très animé au rythme du Merengue, le retour du soleil nous a permis de profiter de la plage pour le jour de l’an.
Enfin, deux journées de baseball intensif, avec 3 matchs et un entraînement, ont clôturé cette semaine dominicaine. Le niveau était encore plus relevé qu’à Cuba avec de nombreux joueurs « signés » par des clubs américains. Nous avons subi deux défaites 7-1 et 7-4 et accroché un match nul 5-5. Nous avons également assisté à un match de professionnels de très haut niveau, avec quelques uns des meilleurs joueurs de baseball de la planète.
III. BILAN DU PROJET
Expérience sportive
Sur tous les points, cette tournée a été un franc succès. Sur l’aspect purement sportif, elle nous a permis d’affronter des joueurs de tout premier plan et des équipes comme on n’en trouve pas en France.
Le baseball est vraiment roi dans ces deux pays, les gamins y jouent à tous les coins de rue et les stades affichent complets.
Techniquement nous avons beaucoup appris et tous les joueurs de l’équipe ont acquis de l’expérience. Les résultats devraient se faire sentir rapidement.
Enrichissement culturel
Cuba fait partie de ces pays qui ne laissent pas indifférent. Le dépaysement est total à chaque coin de rue et la population est marquée par une histoire très particulière. L’influence du système politique en place est très importante et les mentalités sont surprenantes. On ne peut pas visiter un tel pays sans en être marqué à vie.
Quant à la République Dominicaine, elle tranche complètement avec l’île voisine mais ne manque pas d’intérêt non plus. C’est une île paradisiaque où les gens sont très accueillants mais on a vraiment le sentiment que la société de consommation s’y est établie trop vite.
Aboutissement d’un long travail
En terme d’organisation, l’énorme travail réalisé en amont de la tournée a porté ses fruits, il était indispensable puisque de nombreuses petites difficultés se sont présentées au quotidien : dépenses imprévues, planning modifié, … Le travail de préparation nous a libérés des grosses difficultés et donnés une certaine souplesse pour gérer au mieux ces petits détails.
L’expérience acquise lors de notre première tournée (au Québec en 1998) nous a également été très utile pour nous en sortir dans ces pays un peu plus difficiles.
Cette deuxième tournée et sa préparation ont été très formatrices pour les membres du groupe qui ont tous produit beaucoup d’efforts et qui ont vu ces efforts récompensés. Humainement, cette expérience de voyage en communauté a été très enrichissante, elle fait partie de ces choses qui marquent une vie et dont chacun se souviendra encore longtemps.